Violence meurtrière envers une femme. Des hommes la menacent, pierre à la main. Mais soudain, ils la lâchent, désarmés par la parole de Jésus, désarçonnés par son abyssal écho qui submerge leurs profondeurs intérieures. Ils sont interpellés, bousculés et déplacés dans leurs évidences. 

Ces derniers temps, la violence religieuse a pour visage celui de musulmans, celui d’hommes qui se dénomment pourtant frères. Notre présence au Caire veut parmi eux incarner l’Évangile que nous portons en nous. Et nous voyons que certains se trouvent touchés par le Dieu tout proche. 

Nous aussi, nous nous laissons transformer par l’éternelle nouveauté de la parole que nous prêchons. L’inouï fulgurant nous transperce, il traverse le temps, il nous rejoint tous. L’Esprit œuvre toujours et partout ; il fissure le cœur sédimenté par le réflexe de la violence. L’Esprit parle aussi par l’autre qui, dans sa différence, par ses mots, brise les pierres de la tradition inféconde. 

Quand je marche dans la cité des morts, voisine de notre couvent dominicain, ce quartier singulier du Caire où des familles vivent dans de vieux tombeaux, les regards sont parfois hostiles… « Que vient donc faire cet étranger ? » Mais il suffit d’un mot que je prononce : « Salam », « Paix », et aussitôt, leurs visages s’illuminent. 

Aujourd’hui, que dirais-je à l’autre pour qu’il lâche ces pierres qui brûlent ses mains ? Que me dit-il pour que je me dessaisisse de celles que mes doigts enserrent sans fin ? 

* Illustration : Titien (1490-1576), Le Christ et la femme adultère