Nous vivons une happycratie où il s’agit de paraître heureux avec un sourire aux dents blanches, bien alignées. Il s’agit d’être « irrésistible », d’incarner la force du succès ! Mais la réalité est aussi celle des suicides et des antidépresseurs. Le monde est en feu, comme nous en faisons mémoire en ce mercredi des Cendres.

Quand saint François parle au frère Léon de la joie, il présente la douleur. Le paradoxe est inversé. La porte de sa propre maison s’est fermée, un gardien qui vous insulte, des coups de bâton, une chute dans la neige. François est jeté dehors. François parle pourtant de la « joie parfaite ». Par masochisme ? Pour ressembler au Christ souffrant. Sachant que cette souffrance intenable n’est pas définitive : elle annonce un basculement. Celui qui connaît un tel rejet participe au même accueil. 

La souffrance ne vaut pas pour elle-même. Mais elle peut être un passage où, dans la communion au Crucifié, une joie inouïe est parfois donnée, dans l’assurance du triomphe de l’amour.

François souhaite ressembler au Christ. Il est heureux, non pas parce qu’il souffre, mais parce qu’il participe à la vie de Jésus. Pour ses choix, ceux qui devaient l’accueillir le rejettent, ceux qui devaient le défendre le torturent, et les responsables de l’ordre social le clouent au pilori. Il peut m’arriver de connaître de semblables tourments. Ma foi me convainc que la victoire de la vérité, de la justice et de l’amour est un fait et qu’il va bientôt se manifester. Cette perspective communique une joie parfaite. Elle permet même parfois un sourire qui laisse entrevoir un monde recréé, irrésistible.