Angolais d’origine, frère dominicain, j’ai eu l’occasion de beaucoup voyager grâce aux études et à la mission. Relisant ce parcours missionnaire, je réalise toute la joie reçue et les défis relevés. Joie de se savoir envoyé par Dieu et joie de réaliser qu’il nous donne toujours les moyens d’accomplir la mission confiée ; c’est là une vérité fondamentale de la vie chrétienne. Et surtout, de la rencontre. Dans ma vie de frère dominicain, missionnaire en France, j’ai fait face à ces défis. 

Premier défi : la compréhension. La première rencontre est toujours un choc pour l’intellect et le cœur. Si la Parole de Dieu est la même partout, elle ne doit cependant pas être annoncée de la même manière partout. Je l’ai compris dans ma mission auprès des jeunes étudiants de Rennes, en Bretagne. Les jeunes se posent partout dans le monde les mêmes questions, tous cherchent le sens de leur vie. Ils font face aux mêmes problèmes, mais dans des contextes sociaux et culturels différents. Venant d’une société très différente, il m’a fallu du temps pour comprendre que je devais être humble, les écouter plus activement. Et c’est en les écoutant que j’ai compris qu’ils étaient aussi lumière pour moi. 

Second défi, l’humilité, celle qui consiste à annoncer la Parole de Dieu non avec mes propres mots, mais avec ceux de Dieu et du peuple auquel il envoie ses prophètes. Dieu, en effet, s’adresse à chaque peuple dans sa propre langue et avec ses propres nuances. L’humilité m’a permis de mieux apprécier la vigueur de la foi, la sincérité des engagements des jeunes Français rencontrés. Ils m’ont fait penser aux chrétiens des premiers siècles qui étaient minoritaires dans le vaste Empire romain, mais dont la sincérité de la foi et la rectitude de vie frappaient leurs concitoyens non croyants. 

Dernier défi, l’ouverture : elle m’a permis de comprendre les défis que la société posait à la foi des chrétiens ici. J’ai compris, par exemple, pourquoi beaucoup de chrétiens ne priaient plus ensemble, n’allaient plus à la messe le dimanche. Quelque chose de fondamentalement évangélique avait disparu et la foi en Dieu était éclipsée par les mutations de la société et de la culture. Et c’est dans ce contexte, avec l’esprit ouvert aux défis que les jeunes chrétiens eux-mêmes vivent, qu’il me fallait annoncer le message de l’Évangile avec des mots propres à la foi et à la culture des jeunes. 

Une certitude me donne de l’optimisme : Dieu met dans la bouche du missionnaire les paroles qu’il doit dire à ceux à qui il est envoyé.